L'évolution géodynamique de la région égéenne en Méditerranée orientale est étroitement liée à la subduction hellénique où des bassins océaniques et des microcontinents ont été subduits depuis le Crétacé. En profondeur, des roches métamorphiques de haute pression/basse température(HP/BT) s'accrètent à la base de la plaque supérieure sous la forme d'écailles tectoniques pluri-kilométriques qui s'empilent pour construire un complexe d'accrétion. L'identification de ces différentes écailles est cruciale afin de décrire la succession des épisodes de sous-placage qui jouent un rôle essentiel dans l'évolution tectonique et topographique long terme des marges actives et peuvent être associés à des évènements sismiques dont les roches aujourd'hui exhumées sont les témoins.
Dans la région du sud-est du Péloponnèse en Grèce, une étude pétro-structurale a été menée sur un paléo-complexe d'accrétion d'âge Oligo-Miocène (nappe des Phyllites-Quartzites) qui affleure dans la zone d'avant-arc de la zone de subduction hellénique. Une cartographie détaillée de la zone d'étude combinée à des mesures structurales, des observations pétrologiques, de la spectroscopie Raman sur la matière carbonée et des modélisations thermo-barométriques ont ainsi révélé l'existence de deux unités tectono-métamorphiques au sein cette nappe qui se distinguent par leurs caractéristiques pétrologiques, l'orientation des marqueurs de la déformation finie et leur histoire P-T. Ainsi, le pic du métamorphisme dans l'unité de Velanidhia est de 490 ± 8,5°C, 16 ± 0,5 kBar, tandis que dans l'unité de Pandanassa ce pic est de 430,5 ± 8,5°C, 14 ± 0,3 kBar. Ces résultats suggèrent que la nappe des Phyllites-Quartzites s'est formée à la suite de deux épisodes de sous-plaquage (minimum) à des profondeurs respectives de ~56 et ~49 km le long de l'interface de subduction. Par la suite, les deux unités ont été exhumées puis exposées dans la zone d'avant-arc grâce à un détachement mylonitique recoupé par des failles normales. La reconnaissance de pseudotachylytes dans l'unité de Velanidhia témoigne également d'une activité sismique au cours de l'accrétion et/ou de l'exhumation de cette unité. Cette étude est une première étape clé dans la caractérisation de la dynamique de sous-plaquage qui est possiblement toujours active aujourd'hui le long de la marge hellénique.