Les géologues structuraux et tectoniciens de Rennes ont non seulement inventé des structures tectoniques remarquables (structure C/S, pli en fourreau), mais ils l'ont fait dans le domaine sud-armoricain, pour certaines d'entre elles à tout le moins. Au-delà des structures mêmes, ils ont posé le cadre tectonique de ce domaine géologique remarquable, où beaucoup de granites d'origine crustale se sont mis en place au Carbonifère, dans les stades avancés de l'orogène varisque. Le cisaillement Sud Armoricain (CSA) est ainsi jalonné de plusieurs granites syn-cinématiques (Pontivy, Lizio), dont la forme cartographique renseigne de la cinématique dextre du cisaillement. Les détachements sud-armoricains ont fonctionné de manière synchrone et sont eux-mêmes le site de mise en place de granites d'origine crustale (Quiberon, Guérande). Les travaux de synthèse de Denis Gapais ont permis de comprendre le fonctionnement général et cohérent de ces structures crustales (CSA et détachements), et ainsi de fournir un cadre aux études pétro-géochimiques qui ont ambitionné de caractériser l'évolution pétrogénétique même des granites, et d'intégrer l'histoire des circulations de fluides associées. La reconnaissance de l'origine météorique de certains composants de ces fluides a permis d'initier la reconstitution des paléoreliefs de la zone au Carbonifère, et d'éclairer les modalités de mise en place de certains systèmes métallogéniques, notamment uranifères (thèses de Romain Tartèse et Christophe Ballouard, soutenues naguère à l'Université de Rennes 1). Aujourd'hui, les travaux de caractérisation pétro-géochimique toujours plus fine des interactions entre fluides, granites et zones de déformations sont enrichis d'une modélisation numérique hydro-thermale, qui apporte des contraintes physiques au fonctionnement des systèmes (thèse de Khaled Bock, en préparation à l'Université de Rennes). Dans cette présentation, je reprendrai quelques-uns des jalons principaux de cette histoire granitique armoricaine, dont les titres de chapitre doivent beaucoup aux tectoniciens de Rennes, Pierre Choukroune et Jean-Pierre Brun en tête, mais aussi Denis Gapais et Peter Cobbold, en passant par Pierre Jégouzo, le Morbihannais de l'étape, et Claude Le Corre.