Les fluctuations climatiques extrêmes du Paléogène ont été proposées comme potentiels moteurs de l'évolution des faunes continentales (e.g., Gingerich 2006). Ces études sont principalement basées sur des dépôts relativement continus et bien stratifiés de l'Éocène Inférieur nord-américain (e.g., Woodburne et al. 2009). Les corrélations entre événements fauniques et perturbations climatiques nécessitent un cadre chronologique précis, bien établi en Amérique du Nord mais manquant ailleurs. De récents travaux routiers menés au nord de Montpellier (France) mettent au jour de nouveaux affleurements qui exposent une épaisse séquence stratigraphique datée de l'Éocène inférieur. Les recherches paléontologiques ont conduit à la découverte de sept localités fossilifères ayant toutes livré des restes de mammifères. Une équipe multidisciplinaire a mené des études sédimentologique, stratigraphique, structurale, minéralogique, biochronologique, chémostratigraphique et magnétostratigraphique afin d'affiner l'âge de ces gisements. Trois d'entre eux (Coulondres, La Plantade et Le Lien) s'inscrivent dans une longue tendance positive des isotopes du carbone, au sein d'une période paléomagnétique normale, avec une faune caractéristique du niveau de référence mammalien MP10. Cette tendance isotopique comprend le shift du C23N pendant l'EECO (Westerhold et al. 2018). Des hypothèses fortes de corrélation avec les évènements hyperthermaux de cette période permettent de situer six des localités fossilifères entre 52,10 et 48,85 Ma. Cette succession nous permet de déchiffrer la séquence évolutive des mammifères dans une même aire géographique et donc potentiellement majoritairement impactée par l'EECO (daté entre 53 et 49 Ma ; Westerhold et al. 2020). La longue durée de cet optimum climatique ne semble pas contraindre l'évolution des mammifères comme le montre la grande homogénéité faunistique entre ces dépôts et les localités Européennes rapportées au même niveau repère (e.g., Biochrom'97 ; Steurbaut et al. 2016). Inversement, le début et la fin de l'EECO, également enregistrés dans la séquence du LIEN, montrent des différences faunistiques intéressantes qui peuvent témoigner d'un impact climatique important.
De telles études menées sur d'autres séquences stratigraphiques de l'Occitanie (Lauragais, Corbières et Minervois ; Noiret et al., 2016), visent à décrire l'évolution des mammifères à travers tous les événements climatiques intenses de l'Yprésien, y compris le PETM et les ETM suivants (projet ANR EDENs).