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Les mammifères de la fin du Crétacé en Europe : état des lieux et perspectives
Emmanuel Gheerbrant  1@  
1 : Centre de Recherche sur la Paléobiodiversité et les Paléoenvironnements  (CR2P)
Muséum National d'Histoire Naturelle (MNHN), CNRS : UMR7207, Sorbonne Université
8 rue Buffon, CP 38, Paris -  France

La découverte des mammifères dans le Crétacé terminal d'Europe remonte à un peu plus d'un demi-siècle (1966). Le registre fossile a été considérablement enrichi depuis mais les lacunes restent énormes, et l'Europe reste un des continents les plus mal connus avec les domaines gondwaniens. Nous présentons une brève revue des connaissances sur les mammifères européens de la fin du Crétacé et une récente découverte dans les Pyrénées françaises. Le registre fossile européen se caractérise par une ségrégation géographique singulière des taxons : multituberculés en Europe de l'Est et euthériens en Europe de l'Ouest. Les deux groupes sont représentés par des taxons endémiques d'ancienne origine asiatique. Les multituberculés appartiennent tous aux Kogaionidae, une famille apparentée au groupe souche des Eobataaridae du Crétacé inférieur d'Asie. Les euthériens sont représentés principalement par des Zhelestidae de la sous-famille endémique des Lainodontinae apparentée aux zhelestidés basaux du Cénomanien d'Asie centrale tels que Sheikhdzheilia. Ceci implique une évolution endémique européenne depuis le début du Crétacé supérieur et de longues lignées fantômes. Nous rapportons ici la découverte d'un nouvel euthérien, Azilestes ragei, dans la Formation des Grès de Labarre près du Mas d'Azil (Ariège) datée du Campano-Maastrichtien. Azilestes, connu par un fragment de dentaire, présente des caractères dérivés remarquables, inédits chez les euthériens du Crétacé. La formule dentaire est remarquablement réduite avec perte de 3 premolaires (p1-3), et la mandibule est courte et robuste. Sur les molaires, l'hypolophide naissant et la postcristide et l'hypoconulide cingulaires (isolés) sont des traits connus chez les ongulés lophodontes (placentaires). La morphologie dentaire d'Azilestes rappelle les Zhelestidae, particulièrement Valentinella du Maastrichtien de Vitrolles. L'analyse cladistique soutient une possible parenté de Azilestes et Valentinella dans un même clade dont la position familiale reste cependant incertaine. Dans tous les cas Azilestes représente une lignée inédite d'euthériens basaux, précocement spécialisée dans un régime herbivore convergent avec les placentaires modernes. La découverte d'Azilestes met en lumière une diversité significative des euthériens du Crétacé européen malgré leur très pauvre registre fossile.



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