Programme des sessions > Par intervenant > Cornu Jean-Yves

L'usage de fongicides à base de cuivre (Cu) pour lutter contre le mildiou de la vigne a entrainé une accumulation de Cu dans les sols viticoles qui fragilise la pérennité de ces agroécosystèmes. Il est donc nécessaire, en plus de la recherche d'alternatives au Cu, de proposer des solutions de remédiation de ces sols. La phytoextraction est une solution à l'étude pour le Cu en sols de vigne qui se heurte, pour l'heure, à des rendements d'extraction trop faibles en raison, notamment, d'une phytodisponibilité limitante de Cu dans ces sols. Le but de ce travail était d'étudier comment et dans quelle mesure l'apport au sol de substances humiques solubles (SHS) telles que celles contenues dans les thés de compost oxygénés (TCOs) augmente la phytodisponibilité et la phytoextraction de Cu en sol viticole. Ce travail a confirmé par des approches spectroscopiques et chromatographiques que les TCOs sont riches en SHS, et que la quantité et la qualité des SHS présentes dans les TCOs varient en fonction du compost d'origine et de son processus d'extraction. Une expérience en batch a montré que l'apport au sol de TCO augmente systématiquement la solubilité de Cu en sol viticole et son accumulation par un dispositif DGT (utilisé comme un proxy de phytodisponibilité). L'augmentation de la solubilité de Cu était associée (i) à une augmentation proportionnelle de l'absorbance à 254 nm de la solution de sol, (ii) à une diminution systématique de la fraction libre de Cu en solution, et (iii) à un changement de la taille des ligands complexant le Cu vers des poids moléculaires supérieurs à 10 kDa, en présence de TCO. L'ensemble de ces résultats confirme que les SHS présentes dans les TCOs solubilisent le Cu du sol en le complexant. En complément, une expérimentation à la parcelle a montré que l'apport au sol de TCO augmente de plus de 150% la phytoextraction de Cu par le trèfle incarnat grâce à son impact positif sur la croissance et le niveau d'accumulation de Cu du couvert, tout en n'induisant pas (ou presque pas) de lixiviation de Cu vers l'aquifère.