Contribution des eaux souterraines à la dynamique des cours d'eau en Méditerranée, apport des isotopes stables de la molécule d'eau
Pierre-Alain Guisiano  1@  , Sébastien Santoni  1@  , Emilie Garel  1@  , Thomas Leydier  1@  , Frédéric Huneau  1@  
1 : UMR 6134 SPE, Équipe Hydrogéologie, BP 52, F-20250 Corte, France
Université de Corse, CNRS

La meilleure compréhension de la contribution des eaux souterraines au débit des rivières est stratégique pour appréhender la vulnérabilité des bassins-versants méditerranéens face au changement climatique. La gestion des ressources en eau ainsi que la continuité écologique des cours d'eau et des écosystèmes dépendants y est intrinsèquement liée. Les isotopes stables de la molécule d'eau (δ¹⁸O et δ²H) sont des outils permettant d'identifier l'origine de l'eau, mais aussi de comprendre et de quantifier les interactions nappes-rivières. Afin de mieux définir le rôle des eaux souterraines dans la dynamique des rivières en contexte méditerranéen, 10 bassins-versants corses d'une superficie allant de 25 à 995 km² et ayant des variations d'altitude de 0 à 2700 m ont été étudiés. Ces bassins-versants ont également été choisis pour leur diversité géologique, morphométrique et avec différentes occupations du sol. Pour caractériser et quantifier la contribution des eaux souterraines à la dynamique des cours d'eau, un suivi hydrologique et hydrogéologique a été réalisé en 2021-2022 avec un prélèvement bimensuel de 13 points « rivière », mensuel de 13 sources et trimestriel de 13 forages.

Les premiers résultats du suivi de δ¹⁸O et de δ²H permettent de dégager deux tendances sur le comportement hydrogéologique des bassins. D'une part, les petits bassins-versants côtiers de moyenne à basse altitude (inférieure à 1500 mètres) montrent une contribution active des eaux souterraines toute l'année avec des signatures en δ¹⁸O qui varient entre le pôle souterrain (-8.02‰ en moyenne) et des valeurs plus enrichies principalement dues à l'évaporation dans les rivières (variation de -6.64‰ à -8.80‰). D'autre part, pour les grands bassins-versants montagneux, les signatures plus appauvries en δ¹⁸O en hiver dans les rivières (δ¹⁸O moyen de -9.64‰) par rapport aux eaux souterraines (δ¹⁸O moyen de -8.50‰) montrent une recharge d'altitude en lien avec le couvert neigeux. Pendant la période d'étiage en revanche, la contribution des eaux souterraines est beaucoup plus prononcée et assure l'essentiel des débits, garantissant ainsi la continuité écologique de nombreux cours d'eau. Ces premiers résultats apportent un éclairage intéressant sur le rôle majeur des eaux souterraines dans la dynamique hydrologique des rivières en Méditerranée qui reste encore peu investiguée.


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