Un grand épandage de pièces lithiques précolombiennes reconnues sur plusieurs km² reposant sur la plateforme corallienne entre 2m50 et 4m de profondeur a fait l'objet d'une localisation précise et de ramassage dans le Grand cul de sac marin à la Guadeloupe. Ces pièces constituent un palimpseste de faits archéologiques successifs de nature encore indéterminée dont la datation est difficile mais dont la localisation forme des concentrations d'objet dans les zones de plus faibles profondeurs au nord-est du Grand cul-de-sac marin. La découverte à proximité de très grands troncs fossiles de manglier et surtout l'existence dans une cuvette topographique d'un dépôt tourbeux de plus de 2m d'épaisseur immergé dont le toit est à environ 4 m de profondeur constitue un enregistrement sédimentaire majeur. Le dépôt contient des troncs d'arbres dont certains sont en position de vie, et notamment un Pterocarpus officinalis (Mangle médaille). Cette essence végétale est inféodée à la « forêt marécageuse » qui est un écosystème tropical d'eau douce. La couche de tourbe en place datée entre 6325 (+/-35) BP et 4980 (+/-30) BP, dont une coupe naturelle est actuellement visible entre 4 et 6 m de profondeur s'est donc formée en milieu terrestre humide nettement distinct du domaine marin. Cette formation sédimentaire peut être mise en regard de la contemporanéité de cette forêt humide avec des occupations humaines et de la variation du niveau marin relatif. L'étude sédimentaire et de composition chimique (XRF) des dépôts, l'analyse de la bathymétrie permettent la reconstitution d'un paléopaysage continental daté entre 5300 et nos jours, compatible avec des occupations humaines précoces en zone littorale et cohérent avec la courbe de la variation du niveau marin relatif (Toscano & Macyntire, 2003).
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