Trajectoires de contamination en platine dans des carottes sédimentaires (1930-2021) de trois fleuves français : de la ligne de base géochimique aux signaux de sources émergentes
Maxime Chastanet  1@  , Maxime Debret  2@  , Thomas Gardes  1@  , Jörg Schäfer  1@  , Melina Abdou  1@  , Laurence Lestel  3@  , Amandine Morereau  3@  , Cécile Grosbois  4@  , Brice Mourier  5@  , Frédérique Eyrolle  6@  , Alexandra Coynel  1@  
1 : Univ. Bordeaux, CNRS, Bordeaux INP, EPOC, UMR 5805, F-33600 Pessac, France
Université de Bordeaux (Bordeaux, France)
2 : Normandie Univ, Rouen, UNIROUEN, UNICAEN, CNRS, M2C, 76000 Rouen, France
Normandie Univ, UNIROUEN, UNICAEN, CNRS, M2C 76000 ROUEN, France
3 : Sorbonne Université, CNRS, EPHE, UMR Metis, Paris, France
Sorbonne Universités, UPMC, CNRS
4 : Université de Tours, EA 6293 Géohydrosystèmes Continentaux (GéHCO), Parc de Grandmont, Cedex, Tours, 37200, France
EA 6293 GéHCO, Université de Tours, France
5 : Univ. Lyon, Université Claude Bernard Lyon 1, CNRS, ENTPE, UMR5023 LEHNA, Vaulx-en-Velin, F-69518, France
Université de Lyon, UMR5023 LEHNA, Université Lyon 1, ENTPE, CNRS, 3, rue Maurice Audin, 69518 Vaulx-en-Velin, France
6 : Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), PSE-ENV, SRTE/LRTA, BP 3, 13115 Saint Paul Lez Durance, France
Institut de Radioprotection et de Sureté Nucléaire (IRSN), PSE-ENV, SRTE

En raison de ses propriétés catalytiques et médicales, le platine (Pt) est un élément technologique critique (ETC) et un contaminant émergent dans les compartiments environnementaux. Depuis les années 1990, il est utilisé dans l'industrie automobile (pots catalytiques) pour réduire les émissions de gaz toxiques des véhicules. Très peu d'études s'intéressent aux enregistrements historiques de Pt dans les systèmes fluviatiles. Afin d'analyser les variations temporelles (trajectoires) du Pt au cours des dernières décennies, des carottes sédimentaires ont été prélevées dans des plaines d'inondation ou dans des chenaux secondaires à l'aval de trois grands bassins versants français (Loire, Rhône et Seine) du milieu des années 1930 jusqu'en 2021 (datation 137Cs). Le platine a été analysé par voltamétrie (Ad-CSV) à des niveaux ultra-traces (LD = 0.01 ng L-1).

Les niveaux de base de Pt dans les sédiments ont été estimés pour la Loire (0.88±0.35 µg kg-1) et le Rhône (1.28±0.25 µg kg-1) mais pas pour la Seine en raison des fluctuations historiques (jusqu'à 12.7 µg kg-1). Les trajectoires de contamination du Pt dans les sédiments de la Loire semblent refléter des changements hydrodynamiques. Diverses sources anthropiques (e.g. combustion de charbon, pétrochimie, industrie) peuvent expliquer les niveaux historiques relativement élevés en Pt dans les sédiments de la Seine. Depuis les années 2000, une augmentation des concentrations en Pt dans les sédiments de la Loire, du Rhône et de la Seine a été observée (respectivement 2.45, 2.31 et 3.01 µg kg-1) et peut être attribuée à l'introduction des pots catalytiques en France dans les années 1990 et à la mise en place de traitements anticancéreux. Les enregistrements de Pt dans les trois bassins versants suggèrent que la réponse dans les sédiments peut être retardée de 10 à 15 ans, ce qui pourrait refléter le temps nécessaire pour (i) considérer la cascade sédimentaire de l'érosion du sol jusqu'au transport des sédiments dans le fleuve et (ii) avoir un nombre suffisant de véhicules équipés de pots catalytiques, émetteurs de Pt. L'étude des trajectoires du Pt dans des bassins versants contrastés permet alors de distinguer des signaux provenant de différentes sources, naturelles et anthropiques.


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