Dans le cadre du Studio IMU.2 PCR-Anthropotraces (Production-Consommation-Rejets de polluants, les traceurs urbains du paléo-anthropocène du LabEx IMU), coordinateur Hugo Delile, et du programme de recherche «Trajectoires des socio-systèmes fluviaux au paléo-anthropocène» (EUR-H2O, PCR Culture et EDF), coordinateur Jean-François Berger, une carotte sédimentaire a été prélevée dans un paléo-chenal du Rhône en aval de Vienne à Saint-Alban-du-Rhône. Des analyses géochimiques effectuées sur ces sédiments nous permettent d'étudier les émissions de micropolluants inorganiques de ce centre urbain, leur transit et leur stockage dans les archives fluviales rhodaniennes au cours des derniers millénaires. Dans le cadre de cette étude nous faisons l'hypothèse que les émissions anthropogéniques de plomb (Pb) furent principalement émises par le réseau urbain de canalisations en Pb (fistulae) de Vienne au cours de l'Antiquité. L'origine urbaine de cette contamination est d'autant plus attendue que la ville fut le plus grand centre de production de tuyaux en plomb de la Gaule Narbonnaise.
L'intensité de cette contamination a été évaluée par la mesure des concentrations des éléments traces métalliques par XRF et ICP-MS, tandis que l'isotopie du Pb effectuée sur un MC-ICP-MS vient compléter nos informations quant à la source suspectée de pollution du Pb dans les eaux du Rhône. La carotte a été datée par carbone 14. Ces mesures nous permettent de retracer l'évolution de la contamination métallique du Rhône en aval de Vienne au cours des quatre derniers millénaires.
Les données obtenues sur cette carotte ont été comparées avec celles acquises sur des sédiments fluviatiles prélevés à l'amont immédiat de Vienne, près de la Basilique de Saint-Ferréol localisée à Saint-Romain-en-Gal. Ce contrôle des entrées et sorties de contaminants urbains au sein du continuum Terre-Mer rhodanien apparaît ici nécessaire pour identifier la contribution directe de la Vienne antique à la charge totale de contamination enregistrée à l'aval de la ville.
Par ailleurs, afin de comprendre les modalités de remplissage des pièces sédimentaires fluviatiles faisant l'objet de la présente étude, des analyses de Spectroscopie Moyen InfraRouge (SMIR) et de sédimentologie (granulométrie, perte au feu) complètent ce dispositif analytique. Sur cet aspect, il s'agit de caractériser les paléo-dynamiques alluviales du Rhône.