Il existe peu de mesures des sédiments issus des écroulements affectant les parois des hautes montagnes bien qu'il s'agisse de l'un des plus importants phénomènes d'érosion. Nous analysons ici la connectivité sédimentaire entre hautes montagnes englacées et rivières en étudiant la distribution de ~250 analyses 10Be publiées sur le massif du Mont-Blanc. La production des isotopes cosmogéniques s'accroit avec l'altitude et celle des parois rocheuses est parmi les plus fortes du monde. Cette production est transférée vers l'aval par les clastes issus des écroulements. Les glaciers transportent ces clastes dont la concentration médiane est de 4.5 104 10Be at.g-1. Ces clastes s'accumulent dans la zone paraglaciaire et les blocs situés dans les moraines montrent une concentration acquise sur place qui varie entre 1.1 104 10Be at.g-1 à 22 104 10Be at.g-1, avec un héritage médian de 2 104 10Be at.g-1. La concentration des rivières sous glaciaires est faible (1.1 10410Be at.g-1) et est due à un transit de sédiments supra-glaciaire à travers le glacier ou à la reprise de sédiments exposés lors de retraits glaciaires (jusqu'à 3.3 10Be at.g-1). La concentration des sédiments des rivières en aval (médiane 1.3 10Be at.g-1) est proche de celle des sédiments sous-glaciaires, ce qui indique une bonne connectivité du transport entre la base des glaciers et les rivières à l'aval. Par contre, la concentration des sédiments de la zone paraglaciaire est bien supérieure à celle des sédiments des rivières, ce qui indique que les zones paraglaciaires contribuent à alimenter la rivière dans une très faible proportion. Les très grands écroulements (médiane 0.25 104 10Be at.g-1) abaissent momentanément la concentration de la zone paraglaciaire. Cependant, l'écroulement de la Brenva en 1997 (2 106 m3), ne montre pas de diminution de la concentration de la rivière en aval. Au final, bien que les parois rocheuses soient connectées au système de transport sédimentaire fluvial de plusieurs manières, la connexion totale reste faible. Cette faible connectivité est estimée pour la phase de retrait glaciaire actuelle. Elle suggère que le transport distal des sédiments issus de l'érosion des parois se produit lors d'une autre phase du cycle glaciaire.
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